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gagement de se battre, non pour une belle femme, mais pour un homme laid. La salle du club avait pour ornement des portraits hideux : Thersite, Triboulet, Duns, Hudibras, Scarron ; sur la cheminée était Ésope entre deux borgnes, Coclès et Camoëns ; Coclès étant borgne de l’œil gauche et Camoëns de l’œil droit, chacun était sculpté de son côté borgne ; et ces deux profils sans yeux se faisaient vis-à-vis. Le jour où la belle madame Visart eut la petite vérole, le Club des Laids lui porta un toast. Ce club florissait encore au commencement du dix-neuvième siècle ; il avait envoyé un diplôme de membre honoraire à Mirabeau.

Depuis la restauration de Charles II, les clubs révolutionnaires étaient abolis. On avait démoli, dans la petite rue avoisinant Moorfields, la taverne où se tenait le Calf’s Head Club, club de la Tête de Veau, ainsi nommé parce que le 30 janvier 1649, jour où coula sur l’échafaud le sang de Charles Ier, on y avait bu dans un crâne de veau du vin rouge à la santé de Cromwell.

Aux clubs républicains avaient succédé les clubs monarchiques.