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magnanimité qu’il avait eue de remonter sur le trône, n’était-ce pas abominable ? Lord Linnæus Clancharlie avait fait aux honnêtes gens ce chagrin. Bouder le bonheur de sa patrie, quelle aberration !

On sait qu’en 1650 le parlement avait décrété cette rédaction : — Je promets de demeurer fidèle à la république, sans roi, sans souverain, sans seigneur. — Sous prétexte qu’il avait prêté ce serment monstrueux, lord Clancharlie vivait hors du royaume, et, en présence de la félicité générale, se croyait le droit d’être triste. Il avait la sombre estime de ce qui n’était plus ; attache bizarre à des choses évanouies.

L’excuser était impossible ; les plus bienveillants l’abandonnaient. Ses amis lui avaient fait longtemps l’honneur de croire qu’il n’était entré dans les rangs républicains que pour voir de plus près les défauts de la cuirasse de la république, et pour la frapper plus sûrement, le jour venu, au profit de la cause sacrée du roi. Ces attentes de l’heure utile pour tuer l’ennemi par derrière font partie de la loyauté. On avait espéré cela de lord Chancharlie, tant on avait de pente à le juger