Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ora ! llora !
De palabra
Nace razon,
Da luze el son
[1].

Puis elle baissait les yeux au-dessous d’elle comme si elle eût vu un gouffre, et reprenait :

Noche quitta te de alli
El alba canta hallali
[2].

À mesure qu’elle chantait, l’homme se levait de plus en plus, et, de gisant, il était maintenant agenouillé, les mains levées vers la vision, ses deux genoux posés sur les deux bêtes immobiles et comme foudroyées. Elle continuait, tournée vers lui :

Es menester a cielos ir,
Y tu que llorabas reir
[3].

Et s’approchant, avec une majesté d’astre, elle ajoutait :

  1. Prie ! pleure ! — Du verbe naît la raison. — Le chant crée la lumière.
  2. Nuit ! va-t-en ! — l’aube chante hallali !
  3. Il faut aller au ciel, — et rire, toi qui pleurais.