Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 2.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naille de roi qui n’avait pas eu l’esprit de rester en place, cette duchesse de raccroc, qui, grande dame, jouait à la déesse, et qui, pauvre, eût été fille publique, cette lady à peu près, cette voleuse des biens d’un proscrit, cette hautaine gueuse, parce qu’un jour, lui Barkilphedro, n’avait pas de quoi dîner, et qu’il était sans asile, avait eu l’impudence de l’asseoir chez elle à un bout de table, et de le nicher dans un trou quelconque de son insupportable palais, où ça ? n’importe où, peut-être au grenier, peut-être à la cave, qu’est-ce que cela fait ? un peu mieux que les valets, un peu plus mal que les chevaux ! Elle avait abusé de sa détresse, à lui, Barkilphedro, pour se dépêcher de lui rendre traîtreusement service, ce que font les riches afin d’humilier les pauvres, et de se les attacher comme des bassets qu’on mène en laisse ! Qu’est-ce que ce service lui coûtait d’ailleurs ? Un service vaut ce qu’il coûte. Elle avait des chambres de trop dans sa maison. Venir en aide à Barkilphedro ! le bel effort qu’elle avait fait là ! avait-elle mangé une cuillerée de soupe à la tortue de moins ? s’était-elle privée de quelque chose dans le débordement haïssable de