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semble une réverbération du règne de Louis XIV. Anne, un moment parallèle ce roi dans cette rencontre qu’on appelle l’histoire, a avec lui une vague ressemblance de reflet. Comme lui elle joue au grand règne ; elle a ses monuments, ses arts, ses victoires, ses capitaines, ses gens de lettres, sa cassette pensionnant les renommées, sa galerie de chefs-d’œuvre latérale à sa majesté. Sa cour, à elle aussi, fait cortège et a un aspect triomphal, un ordre et une marche. C’est une réduction en petit de tous les grands hommes de Versailles, déjà pas très grands. Le trompe-l’œil y est ; qu’on y ajoute le God save the queen, qui eût pu dès lors être pris à Lulli, et l’ensemble fait illusion. Pas un personnage ne manque. Christophe Wren est un Mansard fort passable ; Somers vaut Lamoignon. Anne a un Racine qui est Dryden, un Boileau qui est Pope, un Colbert qui est Godolphin, un Louvois qui est Pembroke, et un Turenne qui est Marlborough. Grandissez les perruques pourtant, et diminuez les fronts. Le tout est solennel et pompeux, et Windsor, à cet instant-là, aurait presque un faux air de Marly. Pourtant tout est féminin, et le père Tellier