il tourna la tête ; ma présence ne parut pas l’étonner.
« Vois-tu ? » dit-il en m’étalant l’appareil horrible qui l’environnait.
Je demeurai calme ; je connaissais la cruauté du héros de l’humanité, et j’étais déterminé à tout endurer sans pâlir.
« N’est-ce pas, reprit-il en ricanant, n’est-ce pas que Léogri a été bien heureux de n’être que pendu ? »
Je le regardai sans répondre, avec un froid dédain.
« Faites avertir monsieur le chapelain, » dit-il alors à un aide de camp.
Nous restâmes un moment tous deux silencieux, nous regardant en face. Je l’observais ; il m’épiait.
En ce moment, Rigaud entra ; il paraissait agité, et parla bas au généralissime.
« Qu’on rassemble tous les chefs de mon armée, » dit tranquillement Biassou.
Un quart d’heure après, tous les chefs, avec leurs costumes diversement bizarres, étaient réunis devant la grotte. Biassou se leva.
« Écoutez, amigos ! les blancs comptent nous attaquer ici, demain au point du jour. La position est mauvaise ; il faut la quitter. Mettons-nous tous en marche au coucher du soleil, et gagnons la frontière espagnole. Macaya, vous formerez l’avant-garde avec vos noirs marrons. Padrejan, vous enclouerez les pièces prises à l’artillerie de Praloto ; elles ne pourraient nous suivre dans les mornes. Les braves de la Croix-des-Bouquets s’ébranleront après Macaya. Tous-