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l'abîme !
Je ne me retiens plus qu'à peine aux bords du crime.
Je sens qu'en ce moment je puis faire un grand, pas,
Faire une chose horrible!... —Oh! ne me poussez pas !

Job.
Donc sauve l'innocent et punis le coupable!

Otbert, prenant le couteau.
Mais ne voyez-vous pas que j'en serais capable !
Savez-vous que je n'ai qu'à demi ma raison ?
Qu'ils m'ont fait boire là je ne sais quel poison,
Eux, ces spectres masqués, pour me rendre la force?
Que ce poison m'a mis au cœur une âme corse?
Que je sens Régina qui se meurt? et qu'enfin
La louve est là dans l'ombre et la tigresse a faim !

Job.
Il est temps ! il est temps que mon crime s'expie,
Donato m'implorait ici. Je fus impie.
Otbert, sois sans pitié comme je fus sans cœur !
Je suis le vieux Satan, sois l'archange vainqueur !

Otbert, levant le couteau.
De ma main, malgré moi, Dieu! le meurtre s'échappe!

Job, à genoux devant lui.
Vois quel monstre je suis ! Je le poignardai! Frappe!
Je le tuai ! c'était mon frère !
Otbert, comme fou et hors de lui, lève le couteau. Il va frapper.
Quelqu'un lui arrête le bras. Il se retourne et reconnaît l'empereur.



Scène IV


Les mêmes, L'empereur, puis Guanhumara, puis Régina.

L'empereur
C'était moi!
Otbert laisse tomber le poignard. Job se lève et considère l'empereur. Guanhumara avance la tête derrière le pilier à gauche et regarde.

Job, à l'empereur.