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SCÈNE X.
CARR, CROMWELL.
Cromwell, resté seul avec Carr, le regarde quelque temps en silence d’un air sévère et presque menaçant. Carr, calme et grave, les bras croisés sur sa poitrine, fixe ses yeux sur les yeux du Protecteur sans les baisser un seul moment. Enfin Cromwell prend la parole avec hauteur.
CROMWELL.
Carr, le long parlement vous fit mettre en prison.

Qui donc vous en a fait sortir ?

CARR, tranquillement.
La trahison.

CROMWELL, étonné et alarmé.
Que dites-vous ?
À part.
A-t-il la cervelle troublée ?

CARR, rêveur.
Oui, j’offensai des saints la suprême assemblée.

Nous sommes tous proscrits maintenant sous ta loi ;
Moi, coupable, par eux ; eux innocents, par toi !

CROMWELL.
Puisque vous approuvez l’arrêt qui vous afflige.

Qui donc brise vos fers ?

CARR, haussant les épaules.
La trahison, te dis-je !
Car, vers un nouveau crime, aveugle, on m’entraînait ;

J’ai vu le piège à temps.

CROMWELL.
Quoi donc ?

CARR.
Baal renaît !