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Le lourd nuage, effroi des matelots livides
Sur le pont accroupis,
Pour le brun laboureur dont les champs sont arides
Est un sac plein d’épis !

Pour juger un destin il en faudrait connaître
Le fond mystérieux ;
Ce qui gît dans la frange aura bientôt peut-être
Des ailes dans les cieux !

Cette âme se transforme, elle est tout près d’éclore,
Elle rampe, elle attend,
Aujourd’hui larve informe, et demain dès l’aurore
Papillon éclatant !

III


Tu souffres cependant ! toi sur qui l’ironie
Epuise tous ses traits,
Et qui te sens poursuivre, et par la calomnie
Mordre aux endroits secrets !

Tu fuis, pâle et saignant, et, pénétrant dans l’ombre
Par ton flanc déchiré,
La tristesse en ton âme ainsi qu’en un puits sombre
Goutte à goutte a filtré !

Tu fuis, lion blessé, dans une solitude,
Rêvant sur ton destin,
Et le soir te retrouve en la même attitude
Où t’a vu le matin !

Là, pensif, cherchant l’ombre où ton âme repose,
L’ombre que nous aimons ;