Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et sur ces deux débris que les destins rassemblent,
Pour toi l’aube fera resplendir à la fois
Deux signes triomphants qui de loin se ressemblent.
De près l’un est un glaive et l’autre est une croix !

Sur vous trois poseront mille ans de notre France.
La colonne est le chant d’un règne à peine ouvert.
C’est toi qui finiras l’hymne qu’elle commence.
Elle dit : Austerlitz ! tu diras : Champaubert !

IV


Arche ! alors tu seras éternelle et complète,
Quand tout ce que la Seine en son onde reflète
Aura fui pour jamais,
Quand de cette cité qui fut égale à Rome
Il ne restera plus qu’un ange, un aigle, un homme,
Debout sur trois sommets !

C’est alors que le roi, le sage, le poëte,
Tous ceux dont le passé presse l’âme inquiète,
T’admireront vivante auprès de Paris mort ;
Et, pour mieux voir ta face où flotte un sombre rêve,
Lèveront à demi ton lierre, ainsi qu’on lève
Un voile sur le front d’une aïeule qui dort !

Sur ton mur qui pour eux n’aura rien de vulgaire,
Ils chercheront nos mœurs, nos héros, notre guerre,
Tout pensifs à tes pieds ;
Ils croiront voir, le long de ta frise animée,
Revivre le grand peuple avec la grande armée !
"Oh ! diront-ils, voyez !

"Là, c’est le régiment, ce serpent des batailles,
Traînant sur mille pieds ses luisantes écailles