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Où volent sur nos fronts, selon des lois profondes,
Près de nous les oiseaux et loin de nous les mondes,
Cet ensemble ineffable, immense, universel,
Formidable et charmant, — contemple, c’est le ciel !


Oh oui ! la terre est belle et le ciel est superbe ;
Mais quand ton sein palpite et quand ton œil reluit,
Quand ton pas gracieux court si léger sur l’herbe,
Que le bruit d’une lyre est moins doux que son bruit ;
Lorsque ton frais sourire, aurore de ton âme,
Se lève rayonnant sur moi qu’il rajeunit,
Et de ta bouche rose, où naît sa douce flamme,
Monte jusqu’à ton front comme l’aube au zénith ;


Quand, parfois, sans te voir, ta jeune voix m’arrive,
Disant des mots confus qui m’échappent souvent,
Bruit d’une eau qui se perd sous l’ombre de sa rive,
Chanson d’oiseau caché qu’on écoute en rêvant ;


Lorsque ma poésie, insultée et proscrite,
Sur ta tête un moment se repose en chemin ;
Quand ma pensée en deuil sous la tienne s’abrite,
Comme un flambeau de nuit sous une blanche main ;


Quand nous nous asseyons tous deux dans la vallée ;
Quand ton âme, soudain apparue en tes yeux,
Contemple, avec les pleurs d’une sœur exilée,
Quelque vertu sur terre ou quelque étoile aux cieux ;


Quand brille sous tes cils, comme un feu sous les branches,
Ton beau regard terni par de longues douleurs ;
Quand sur les maux passés tout-à-coup tu te penches,
Que tu veux me sourire et qu’il te vient des pleurs ;