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Ô prêtre ! vainement tu rêves, tu travailles.
L’homme ne comprend plus ce que Dieu révéla.
Partout des sens douteux hérissent leurs broussailles ;
La menace est ici, mais la promesse est là !

Et qu’importe ! bien loin de ce qui doit nous suivre,
Le destin nous emporte, éveillés ou dormant.
Que ce soit pour mourir ou que ce soit pour vivre,
Notre siècle va voir un accomplissement !

Cet horizon, qu’emplit un bruit vague et sonore,
Doit-il pâlir bientôt ? doit-il bientôt rougir ?
Esprit de l’homme ! attends quelques instants encore.
Ou l’ombre va descendre, ou l’astre va surgir !





Vers l’orient douteux tourné comme les autres,
Recueillant tous les bruits formidables et doux,
Les murmures d’en haut qui répondent aux nôtres,
Le soupir de chacun et la rumeur de tous,

Le poëte, en ses chants où l’amertume abonde,
Reflétait, écho triste et calme cependant,
Tout ce que l’âme rêve et tout ce que le monde
Chante, bégaie ou dit dans l’ombre en attendant !


20 octobre 1835.