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réactionnaires littéraires comme aux réactionnaires politiques. Courage. En avant ! Je pense comme vous sur les hommes qui ont le masque libéral et même démocratique, et plaident pour Sainte-Routine en littérature et en science.

En pratique, Routine s’appelle l’Ordre et en littérature, le Goût. La tyrannie du dix-septième siècle, aussi bien classique que monarchique, doit être rejetée. Toutes ces choses, personne ne les comprend mieux que vous.

Vous êtes un écrivain de talent, de courage et de loyauté ; vous portez un nom de martyrologe. Vous aider est un devoir, vous applaudir est un bonheur.

Je vous serre la main
Victor Hugo[1].


À Auguste Vacquerie.


H.-H., 21 mai.

Voilà donc le Rappel saisi. Les amendes, vous les paierez aisément avec un numéro exceptionnel où vous, tous les cinq, donneriez à la fois. Pour ce numéro, je vous enverrais, moi, les trois chevaux[2]. Et vous auriez aisément tous les autres, Sand, Michelet. — Cher Auguste, quelles belles pages vous semez dans cet Événement ressuscité ! Il me semble que je suis rentré à Paris, et que la douce communion quotidienne de nos cœurs et de nos esprits est revenue. Tout ce que je vous dis, je le dis à Meurice. Soyez assez bon pour le lui répéter.

J’admire, dans ce tourbillon où vous êtes, votre verve ravissante, infatigable, inépuisable. Vous êtes maître en tout.

Que de choses j’aurais à vous dire ! J’ai peur que ma lettre ne soit ouverte. Si vous voyez M. Van Heddeghem, demandez-lui donc de vous conter les choses qu’il a vues. Il pourrait être un témoin utile dans le procès du Rappel ; mais son père (bonapartiste) le lui permettra-t-il ?

Je ne sais pas l’adresse de Banville. Voulez-vous être assez bon pour lui transmettre ce mot. G. F.[3] de l’Indépendance m’a fait un article assez grisâtre.

Mais vous m’aimez, je vous aime, et je suis profondément à vous.

V.[4]

Vous savez que le mot :

on n’est apostat qu’à reculons,


est de moi. Je crois même l’avoir imprimé.

  1. France libre, 25 mai 1885.
  2. Poésie publiée dans le numéro du 3 novembre 1869, puis, en 1870, dans l’édition française des Châtiments.
  3. Gustave Frédérix.
  4. Publiée dans Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.