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BAPTISTE ANET, J.-B. SENAILLE. 53

"Somis, maître de Pugani (1), parut sur les rangs ; il étala le majestueux du plus beau coup d'archet de l’Europe, il franchit la borne où l'on se brise, surmonta recueil où l'on échoue, en un mot vint à bout du grand œuvre sur le violon, la tenue d’une ronde. Un seul tiré d’archet dura………… que le souvenir en fait perdre haleine quand on y pense (2)."

Baptiste Anet, plus connu simplement sous le nom de Baptiste, qui avait aussi reçu des leçons de Corelli, arriva à Paris vers 1700, et y passa pour un prodige, ce qui n’était pas étonnant à une époque où, suivant l’opinion de Lully, les meilleurs violons de l'Opéra et de la musique du roi n'étaient pas capables de jouer leur partie sans l'avoir étudiée. Assez médiocre musicien, Baptiste ne forma pas d’autre élève que Sénaillé, en sorte qu’il ne fit que peu de chose pour la formation d’une école française de violonistes. D’ailleurs, il ne vécut pas à Paris plus de cinq ans. Une position qui lui fut offerte en Pologne, le décida à se fixer dans ce pays.

Jean-Baptiste Sénaillé eut de l’influence sur les premiers développements de l’Ecole française du violon. Né à Paris le 23 novembre 1687, il eut d’abord des leçons de Queversin, un des 24 violons de la grande Lande du roi, puis devint élève de Baptiste Anet. Le grand renom des violonistes italiens de cette époque le décida ensuite à se rendre à Modène pour y prendre des leçons d’Antoine Vitali. Son talent fit une vive sensation dans cette ville, et la grande duchesse l’attacha au service de la cour. De retour à Paris en 1719, il y fit quelques bons élèves au nombre desquels fut Guignon et peut-être Guillemain.

(1) Voir chap. X. (2) Hubert Leblanc, Défense de la basse de viole contre les entre- prises du violon.