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106 RODE, ÉLÈVE DE VIOTTI.

ressentir les atteintes. Le premier, qui débute avec magnificence, est plein de noblesse et de grâce ; dans le qua- trième, les chants en double corde de l'allegro ont à la fois de la grandeur et du charme, et le rondo en 6/8 d’un caractère un peu rustique, est tout à fait aimable ; le sixième est absolument enchanteur, d’un grand style et d’une inspiration exquise ; le septième est depuis longtemps célèbre, et passe pour le meilleur de tous ; enfin le dixième est d’un très-beau caractère dans son premier allegro, et la polacca qui le termine est adorable. Ces quelques mots suffiront à faire apprécier la valeur de ces belles compositions, qui sont d’ailleurs très-bien ordonnées et conçues dans une forme excellente.

Fétis ne cite que dix de ces concertos, tandis qu’il en existe treize dont un posthume. Au reste il n’est pas inutile d’observer que le catalogue donné par Fétis est fait avec fort peu de soin, qu’il est fautif en beaucoup de points, très-incomplet, et que, en particulier, il passe absolument sous silence les œuvres posthumes de Rode, qui sont loin pourtant d’être sans importance.

Musique de Rode appréciée par Paganini

Paganini faisait grand cas de la musique de Rode, et jouait ses concertos. Le fait a été relaté par plusieurs historiens, et notamment par M. Giancarlo Conestabile, dans son livre : Vita di Niccolo Paganini (Pérugia, 1851, in-8°).

Voici ce qu’il dit à ce sujet, en rendant pleine justice à notre belle école française de violon : — « Si la France est inférieure à l’Italie et à l’Allemagne dans l’ordre des compositions dramatiques, elle ne l'est certainement point en ce qui concerne les violonistes, et, sous ce rapport, son école a pris naissance sous le règne de Charles IX, vers la seconde moitié du XVI° siècle, c’est-à-dire presque en même temps qu’en Italie. Elle peut se vanter