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nous dirigeâmes vers notre domicile ; accompagnés d'une nombreuse escorte. Depuis le palais du Régent jusqu'à notre habitation, nous remarquâmes sur notre passage une grande agitation. On balayait les rues, on enlevait les immondices avec empressement, et on tapissait le devant des maisons avec de grandes bandes de pou-lou, jaune et rouge. Nous nous demandions ce que signifiait tout cela, pour qui toutes ces démonstrations d'honneur et de respect ;... lorsque nous entendîmes retentir derrière nous de vives acclamations. Nous tournâmes la tête, et nous reconnûmes le Régent. Il s'avançait, monté sur un magnifique cheval blanc, et entouré de nombreux cavaliers. Nous arrivâmes presque en même temps que lui à notre logis. Nous ouvrîmes le cadenas qui en fermait la porte, et nous priâmes le Régent de vouloir bien nous faire l'honneur d'entrer dans les appartements des Missionnaires français.

Samdadchiemba, que nous n'avions pas revu depuis l'audience de l'ambassadeur chinois, se trouvait aussi au rendez-vous. Il était complètement stupéfait ; car il ne comprenait rien du tout à ces opérations. Les domestiques du Régent, avec lesquels il avait passé la nuit, n'avaient pu le mettre au courant des affaires. Nous lui dîmes un mot pour le rassurer, et lui donner à entendre qu'on n'allait pas tout de suite nous martyriser.

Le Régent s'assit, au milieu de notre chambre, sur un siège doré, qu'on avait eu soin de prendre au palais ; puis il nous demanda si ce qu'il voyait dans notre demeure était tout notre avoir. — Oui, voilà tout ce que nous possédons, ni plus, ni moins. Voilà toutes nos ressources pour nous emparer du Thibet. — Il y a de la malice dans vos paroles,