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détestable. A la mauvaiseté d'une eau salée et fétide, vint se joindre la rareté du chauffage. Nous cherchâmes longtemps des argols, mais inutilement. Enfin Samdadchiemba, qui avait l'œil bon, crut découvrir au loin comme un vaste enclos, où, disait-il, avaient dû parquer des troupeaux de bœufs. Il y conduisit un chameau dans l'espoir do faire une bonne provision de chauffage. Quand il fut de retour, il avait en effet ses sacs remplis de magnifiques argols. Par malheur, ils n'étaient pas assez secs ; il était impossible de les faire brûler. Notre Dchiahour essaya d'un expédient. Il s'empara de la pelle en fer, et creusa une espèce de fourneau, surmonté d'une cheminée bâtie avec du gazon. Cette petite cuisine était en vérité fort champêtre, fort jolie à voir ; mais elle avait l'énorme inconvénient d'être d'une complète inutilité. Samdadchiemba avait beau arranger, et arranger encore son combustible, il avait beau l'exciter sans relâche, de toute la puissance de son souffle, c'était peine et temps perdus. Nous avions de la fumée, une fumée abondante, dont nous étions enveloppés, mais point de feu. L'eau de la marmite conservait toujours son immobilité désespérante. Nous dûmes renoncer à faire bouillir le thé et à préparer notre farine. Pourtant nous désirions dégourdir au moins notre eau, ne fût-ce que pour masquer un peu, par la chaleur, son goût saumâtre et son odeur insupportable. Or voici le moyen que nous mîmes en usage.

On rencontre, dans les plaines de la Mongolie une espèce d'écureuil à poil gris, et vivant dans des trous, à la façon des rats. Ces animaux pratiquent au-dessus de l'ouverture de leur petite tanière, comme un dôme en miniature, composé d'herbes entrelacées avec art. Ils se mettent ainsi à l'