Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée


L'intérieur de la tente est comme divisé en deux parties : le côté gauche, en entrant, est réservé aux hommes ; c'est là que doivent se rendre les étrangers. Un homme qui passerait par le côté droit commettrait plus qu'une grossière inconvenance. La droite est occupée par les femmes ; et c'est là que se trouvent réunis tous les ustensiles du ménage : une grande urne en terre cuite pour conserver la provision d'eau ; des troncs d'arbres de diverses grosseurs creusés en forme de seau, et destinés à renfermer le laitage, suivant les diverses transformations qu'on lui fait subir. Au centre de la tente est un large trépied planté dans la terre, et toujours prêt à recevoir une grande marmite mobile, que l'on peut placer et retirer à volonté. Cette marmite est en fer, et de la forme d'une cloche. Derrière le foyer, et faisant face à la porte, est une espèce de canapé, meuble le plus bizarre que nous ayons rencontré chez les Tartares. Aux deux extrémités sont deux oreillers terminés à leur bout par des plaques de cuivre doré et habilement ciselé. Il n'existe peut-être pas une seule tente où on ne trouve ce petit lit, qui parait être un meuble de nécessité absolue ; mais, chose étrange et inexplicable! durant notre long voyage nous n'en avons jamais vu un seul qui parût fabriqué de fraîche date. Nous avons eu occasion de visiter des familles mongoles où tout portait l'empreinte de l'aisance, de l'opulence même ; mais toujours ce singulier canapé nous a paru une chose guenilleuse et d'une vétusté inexprimable. Quoique ce meuble s'en aille toujours en lambeaux, il dure pourtant toujours, et ne cesse de se transmettre de générations en générations. Dans les villes où se fait le commerce tartare, on a beau parcourir les magasins,