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vérités, a introduit dans la liturgie les processions, comme un souvenir des pèlerinages, et pour rappeler aux hommes que cette terre est comme un désert, où nous commençons tous en naissant le sérieux voyage de l'éternité.

Nous avions laissé, loin derrière nous, les pèlerins de Mourguevan ; et déjà nous commencions à regretter de n'avoir pas campé avec eux, sur les bords du joli ruisseau et parmi les gras pâturages où ils avaient dressé leur tente. Des sentiments de crainte s'élevaient insensiblement dans nos cœurs, à mesure que nous apercevions de gros nuages noirs monter de l'horizon, s'étendre et obscurcir le ciel. Nous cherchions avec anxiété, de tout côté, un endroit où nous pussions faire halte ; mais nulle part, nous ne rencontrions de l'eau. Pendant que nous étions dans cette perplexité, quelques grosses gouttes vinrent nous avertir que nous n'avions pas de temps à perdre. Campons vite, campons vite, s'écria Samdadchiemba avec impétuosité.... A quoi bon nous amuser à chercher de l'eau ? campons avant que le ciel ne tombe. — Tu parles à merveille ; mais où abreuver les animaux ? A toi seul tu bois chaque soir un chaudron de thé ; où iras-tu prendre de l'eau ? De l'eau ? Mes Pères, tout à l'heure il va en tomber plus qu'il ne nous en faut. Campons vite, n'ayez pas peur. Certainement aujourd'hui personne ne mourra de soif ; nous ferons promptement des creux, et nous boirons l'eau de pluie. Non, non, reprit Samdadchiemba, pas besoin de faire des creux. Voyez-vous là-bas ce berger ? voyez-vous ce troupeau ? à coup sûr il y a de l'eau là-bas. Nous aperçûmes, en effet, dans un vallon, un homme qui poussait devant lui un grand troupeau de moutons. Nous quittâmes aussitôt notre route,