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Le Mongol a le visage aplati, les pommettes des joues saillantes, le menton court et retiré, le front fuyant en arrière, les yeux petits, obliques, d'une teinte jaunâtre et comme tachés de bile, les cheveux noirs et rudes, la barbe peu fournie, la peau d'un brun très-foncé et d'une grossièreté extrême. Il est d'une taille médiocre ; mais ses grandes bottes en cuir, et sa large robe en peau de mouton, semblent lui racourcir le corps, et le font paraître petit et trapu. Pour compléter ce portrait, il faut ajouter une démarche lourde et pesante, et un langage dur, criard, et tout hérissé d'affreuses aspirations. Malgré ces dehors âpres et sauvages, le Mongol a le caractère plein de douceur et de bonhomie ; il passe subitement de la gaîté la plus folle et la plus extravagante à un état de mélancolie qui n'a rien de rebutant. Timide à l'excès dans ses habitudes ordinaires, lorsque le fanatisme ou le désir de la vengeance viennent à l'exciter, il déploie dans son courage une impétuosité que rien n'est capable d'arrêter ; il est naïf et crédule comme un enfant : aussi aime-t-il avec passion les anecdotes et les récits merveilleux. La rencontre d'un Lama voyageur, est toujours pour lui une bonne fortune.

L'aversion du travail et de la vie sédentaire, l'amour du pillage et de la rapine, la cruauté, les débauches contre nature, tels sont les vices qu'on s'est plu généralement à attribuer aux Tartares-Mongols. Nous sommes très-portés à croire que le portrait qu'en ont fait les anciens écrivains n'a pas été exagéré ; car on vit toujours ces hordes terribles, au temps de leurs gigantesque conquêtes, traînant à leur suite le meurtre, le pillage, l'incendie et toute espè