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clergé impérial, et il a droit à la pension qu'on distribue annuellement aux Lamas de l'Empereur. On comprend que toutes ces mesures, très-propres à flatter l'amour-propre et la cupidité des Tartares, ne doivent pas peu contribuer à entretenir leurs sentiments de respect et de soumission envers un gouvernement qui met tant de soin à les caresser.

Cependant les Mongols du pays des Khalkhas ne paraissent pas être fort touchés de toutes ces démonstrations ; ils ne voient dans les Mantchous qu'une race rivale, en possession d'une proie qu'eux-mêmes n'ont jamais cessé de convoiter. Souvent nous avons entendu des Mongols Khalkhas, tenir sur le compte de l'empereur mantchou les propos les plus inconvenants et les plus séditieux. — Ils dépendent, disent-ils, du seul Guison-Tamba, du saint par excellence, et non pas de l'homme noir qui siége sur le trône de Péking. — Ces redoutables enfants de Tchinggis-khan paraissent couver encore au fond de leurs cœurs des projets de conquête et d'envahissement : ils n'attendent, dirait-on, que le signal de leur grand Lama, pour marcher droit sur Péking, et reconquérir un empire qu'ils croient leur appartenir, par la seule raison qu'ils en ont été autrefois les maîtres.

Les princes mongols exigent de leurs sujets ou esclaves, certaines redevances qui consistent en moutons. Voici la règle absurde et injuste d'après laquelle ces redevances doivent se payer.

Le propriétaire de cinq bœufs, et au-delà, doit donner un mouton ; le propriétaire de vingt moutons doit en donner un ; s'il en possède quarante, il en donne deux ; mais on ne peut rien exiger de plus, quelque nombreux que soient