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parole, et le fit tomber dans une stupidité dégoûtante. Quand il parut devant l'Empereur, sa bouche, dit-on, était écumante, et sa figure hideuse ; il ne put répondre à aucune des questions qui lui furent adressées... Tchankoeul fut condamné à être coupé en morceaux, et à servir de pâture aux chiens.

Le Mandarin Yang fut comblé des faveurs de l'Empereur, pour avoir si heureusement terminé la guerre du Khachghar. Il obtint la dignité de Batourou, mot tartare qui signifie valeureux. Ce titre est le plus honorifique que puisse obtenir un mandarin militaire.

Le Batourou Yang fut envoyé contre les Anglais lors de leur dernière guerre avec les Chinois ; il paraît que sa tactique ne lui a pas réussi. Pendant notre voyage en Chine, nous avons demandée plusieurs Mandarins pourquoi la Batourou Yang n'avait pas exterminé les Anglais ; tous nous ont répondu qu'il en avait eu compassion.

Les nombreuses principautés qui composent la Mongolie sont toutes, plus ou moins, dépendantes de l'empereur Mantchoue, suivant qu'elles montrent plus ou moins de faiblesse dans les relations qu'elles ont avec la cour de Péking. On peut les considérer comme autant de royaumes feudataires, qui n'ont d'obéissance pour leur suzerain, que d'après la mesure de leur crainte ou de leur intérêt. Ce que la dynastie mantchoue redoute par-dessus tout, c'est le voisinage de ces tribus tartares. Elle comprend que, poussées par un chef entreprenant et audacieux, elles pourraient renouveler les terribles guerres d'autrefois, et s'emparer encore de l'empire. Aussi use-t-elle de tous les moyens qui sont en son pouvoir, pour conserver l'amitié