Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

mouvement dont on ait conservé le souvenir. Ainsi, par ce choc des peuples, se dissipèrent les ténèbres du moyen âge. Des catastrophes, dont l'espèce humaine semblait n'avoir qu'à s'affliger, servirent à la réveiller de la léthargie où elle était depuis des siècles ; et la destruction de vingt empires fut le prix auquel la Providence accorda à l'Europe les lumières de la civilisation actuelle. »

La dynastie mongole des Youen occupa l'empire pendant un siècle. Après avoir brillé d'une splendeur dont les reflets se répandirent sur les contrées les plus éloignées, elle s'éteignit avec Chun-Ti, prince faible, et plus soucieux de frivoles amusements, que du grand héritage que lui avaient légué ses ancêtres. Les Chinois reconquirent leur indépendance ; et Tchou-Youen-Tchang, fils d'un laboureur et longtemps domestique dans un couvent de bonzes, fut le fondateur de la célèbre dynastie des Ming. Il monta sur le trône impérial en 1368, et régna sous le nom de Houng-Wou.

Les Tartares furent massacrés en grand nombre dans l'intérieur de la Chine, et les autres furent refoulés dans leur ancien pays. L'empereur Young-Lo les poursuivit et alla les chercher jusqu'à trois fois au-delà du désert, à plus de deux cents lieues au nord de la grande muraille, pour achever de les exterminer. Il ne put pourtant en venir à bout, et étant mort au retour de sa troisième expédition, ses successeurs laissèrent les Tartares en repos au-delà du désert, d'où ils se répandirent de côté et d'autre. Les principaux princes du sang de Tchinggiskhan occupèrent chacun avec leurs gens un pays particulier, et donnèrent