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de l’Europe avec les États les plus recalés de l’orient. et favorisèrent les découvertes qui ont été si utiles au progrès des arts, des sciences et de la navigation.

À ce sujet, nous citerons ici un passage plein d’intérêt, extrait des Mémoires que M. Abel Rémusat fit paraître en 1824 sur les relations politiques des princes chrétiens, et particulièrement des rois de France avec les empereurs mongols.

« .... Les lieutenants de Tchinggiskhan et de ses premiers successeurs, en arrivant dans l’Asie occidentale. ne cherchèrent d’abord à y contracter aucune alliance. Les princes dans les États desquels ils entraient se laissèrent imposer un tribut ; les autres reçurent ordre de se soumettre. Les Géorgiens et les Arméniens furent du nombre des premiers. Les Francs de Syrie, les rois de Hongrie, l’Empereur lui-même, eurent à repousser d’insolentes sommations ; le Pape n’en fut pas garanti par la suprématie qu’on lui reconnaissait à l’égard des autres souverains chrétiens, ni le roi de France par la haute renommée dont il jouissait dans tout l’Orient. La terreur qu’inspiraient les Tartares ne permit pas de faire à leurs provocations la réponse qu’elles méritaient. On essaya de les fléchir, on brigua leur alliance, on s’efforça de les exciter contre les Musulmans. On eût difficilement pu y réussir, si les Chrétiens orientaux qui, en se faisant leurs vassaux, avaient obtenu du crédit à la cour de leurs généraux et de leurs princes, ne s’y fussent employés avec ardeur. Les Mongols se laissèrent engager à faire la guerre au sultan d’Égypte. Tel fut l’état des rapports qu’on eut avec eux pendant la première période, qui a duré depuis 1224 jusqu’en 1262.