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dynastie mongole des Youen, l'empire dépassa au nord les monts In-chan ; à l'ouest il s'étendit au delà des Gobi ou déserts sablonneux ; à l'est, il se termina aux pays situés à gauche du fleuve Siao, et au sud il atteignit les bords de la mer Youé. On sent que cette description ne comprend nullement les pays tributaires de l'empire. Le Thibet, le Turkestan, la Moscovie, Siam, la Cochinchine, le Tonking, et la Corée reconnaissaient la suzeraineté du grand Khan des Tartares, et lui payaient fidèlement le tribut. Les nations européennes furent même, à plusieurs reprises, insolemment sommées de reconnaître la domination mongole. Des lettres orgueilleuses et menaçantes furent envoyées au Pape, au Roi de France, à l'Empereur, pour leur enjoindre d'apporter en tribut les revenus de leurs États jusqu'au fond de la Tartarie. Les princes issus de la famille de Tchinggiskhan, qui régnaient en Moscovie, en Perse, dans la Bactriane et dans la Sogdiane, recevaient l'investiture de l'empereur de Péking, et n'entreprenaient rien d'important, sans lui en avoir donné avis par avance. Les pièces diplomatiques que le roi de Perse envoyait, au treizième siècle, à Philippe-le Bel, sont une preuve de cette subordination. Sur ces monuments précieux, qui se sont conservés jusqu'à nos jours aux Archives de France, on voit des sceaux en caractères chinois, et qui constatent la suprématie du grand Khan de Péking sur les souverains de la Perse.

Les conquêtes de Tchinggiskhan et de ses successeurs, plus tard celles de Tamerlan ou Timour, qui transporta le siége de l'empire Mongol à Samarcande, contribuèrent, autant et peut-être plus que les croisades, à renouer les relations