Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/387

Cette page n’a pas encore été corrigée

marchons pas vite, nous n'arriverons jamais dans le pays des Trois-Vallons. —Parole pleine de vérité! s'écria-t-il ; et se levant brusquement, il se mit à faire avec ardeur les préparatifs du départ.

En nous remettant en route, nous abandonnâmes la direction vers l'occident, que nous avions rigoureusement suivie durant notre voyage ; nous descendîmes un peu vers le midi. Après avoir marché pendant la moitié de la journée, nous nous reposâmes un instant à l'abri d'une roche, pour prendre notre repas. Comme à l'ordinaire, nous dînâmes au pain et à l'eau ; et encore quel pain et quelle eau ! de la pâte à moitié cuite, de l'eau saumâtre que nous avions été obligés de puiser à la sueur de notre front, et de transporter pendant la route.

Sur la fin de notre repas, pendant que nous puisions dans nos petites fioles un peu de poussière de tabac en guise de dessert, nous aperçûmes venir à nous un Tartare monté sur un chameau : il s'assit à côté de nous ; après nous être souhaité mutuellement la paix, nous lui donnâmes à flairer nos tabatières, puis nous lui offrîmes un petit pain cuit sous la cendre. Dans un instant, il eut croqué le pain et aspiré coup sur coup trois prises de tabac. Nous le questionnâmes sur la route ; il nous dit qu'en suivant toujours la même direction, nous arriverions dans deux jours sur les bords du fleuve Jaune, qu'au delà nous entrerions sur le territoire chinois. Ces renseignements nous furent très-agréables, car ils s'accordaient parfaitement avec les indications de la carte. Nous lui demandâmes encore si l'eau était loin. — Oui, les puits sont très-loin, nous répondit-il. Si vous voulez vous arrêter aujourd'hui, vous trouverez sur