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les Missionnaires, que la courte nomenclature des mots qu'ils ont étudiés dans les livres. En dehors de ces avantages purement moraux et intellectuels, notre long voyage nous avait fait beaucoup de bien sous le rapport physique. La pluie, le vent et le soleil, qui avaient impunément sévi, deux mois durant, contre notre teint européen, avaient fini par rembrunir et tanner notre visage, au point de lui donner un air passablement sauvage. La crainte d'être reconnus par les Chinois ne pouvait donc faire sur nous la plus légère impression.

Nous dîmes à Samdadchiemba, que nous cesserions, après quelques jours, de voyager dans la Terre des herbes, et que nous continuerions notre route par l'empire chinois. — Voyager chez les Chinois, dit le Dchiahour, c'est très-bien : il y a de bonnes auberges, on y boit de bon thé. Quand il pleut, on peut se mettre à l'abri ; la nuit, on n'est pas éveillé par la froidure du vent du nord ... Mais en Chine il y a dix milles routes ; laquelle prendrons-nous? Savons-nous quetle est la bonne ? — Nous lui fimes voir la carte, en lui indiquant tous les endroits par lesquels nous passerions avant d'arriver dans le Koukou-Noor ; nous lui réduisîmes même en lis toutes les distances d'une ville à l'autre. Samdadchiemba regardait notre petite carte géographique avec un véritable enthousiasme. — Oh ! dit-il, c'est à cette heure que j'ai sincèrement regret de n'avoir pas étudié pendant que j'étais dans ma lamaserie ; si j'avais écouté mon maître, si je m'étais bien appliqué, je pourrais peut-être aujourd'hui comprendre cette description du monde que, voilà peinte sur ce morceau de papier. N'est-ce pas qu'avec cela on peut aller partout, sans demander la