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oreilles et au-dessus de ses deux bosses, qui se tenaient dressées comme deux petites pyramides, on voyait flotter quelques lambeaux de taffetas jaune. Il n'était pas douteux que ce magnifique animal ne fût un cadeau destiné à l'Empereur chinois. Le reste de la troupe se composait des nombreux chameaux qui portaient les bagages : les caisses, les tentes, les marmites, et les mille et un ustensiles dont on doit être toujours accompagné dans un pays où on ne trouve jamais d'auberge.

Il y avait déjà longtemps que la caravane était passée, lorsque la rencontre d'un puits nous décida à dresser la tente. Pendant que nous étions occupés à faire bouillir notre thé, trois Tartares, dont l'un était décoré du globule rouge et les deux autres du globule bleu, mirent pied à terre à l'entrée de notre demeure. Ils nous demandèrent des nouvelles de la caravane du roi des Alechan. Nous leur répondîmes que nous l'avions rencontrée depuis longtemps, qu'elle devait être déjà loin, et que, sans doute, avant la nuit, elle arriverait au campement des Cent-Puits. — Puisqu'il en est ainsi, dirent-ils, nous allons rester ici ; cela vaut mieux que d'arriver de nuit aux Cent-Puits, au risque de nous jeter dans quelque abîme. Demain, en partant un peu avant le jour, nous rattraperons la caravane.

Cette détermination étant prise d'une manière irrévocable, les Tartares dessellèrent promptement leurs chevaux, les envoyèrent chercher fortune dans le désert, puis vinrent, sans façon, prendre place à côté de notre foyer. Ces personnages étaient tous Taitsi du royaume des Alechan. L'un d'eux, celui qui avait le bonnet surmonté d'un globule rouge, était ministre du roi ; ils faisaient tous trois