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dorés. Le palanquin était carré, peu riche et peu élégant ; le dôme était orné de quelques franges de soie, et aux quatre faces on voyait quelques peintures de dragons, d'oiseaux et de bouquets de fleurs. Le monarque tartare était assis, non pas sur un siége, mais les jambes croisées, à la façon orientale ; il nous parut âgé d'une cinquantaine d'années ; un bel embonpoint donnait à sa physionomie un air remarquable de bonté. Quand nous passâmes à côté de lui, nous lui criâmes : — Roi des Alechan, que la paix et le bonheur accompagnent tes pas ! — Hommes de prières, nous répondit-il, soyez toujours en paix. ... et il accompagna ses paroles d'un geste plein d'aménité. Un vieux Lama à barbe blanche, monté sur un magnifique cheval, conduisait par un licou le premier mulet du palanquin ; il était considéré comme le garde de toute la caravane. Ordinairement les grandes marches des Tartares sont sous la conduite du plus vénérable d'entre les Lamas du pays ; parce que ces peuples sont persuadés qu'ils n'ont rien à redouter en route, tant qu'ils ont à leur tête un représentant de la divinité, ou plutôt la divinité elle-même, incarnée dans la personne du Lama.

Un grand nombre de cavaliers entouraient par honneur le palanquin royal ; ils faisaient sans cesse caracoler leurs chevaux, allant et venant par mille détours, passant tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, sans jamais s'arrêter dans leurs mouvements rapides. Immédiatement après l'équipage du roi, venait un chameau d'une beauté et d'une grandeur extraordinaire ; il était de couleur blanche. Un jeune Tartare marchant à pied, le conduisait par un cordon de soie. Ce chameau n'était pas chargé. Au bout de ses