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caravane. Des chameaux innombrables chargés de bagages s'avançaient à la file les uns des autres, et une foule de cavaliers, qui, de loin, paraissaient richement vêtus, marchaient sur deux lignes, comme pour escorter les bêtes de charge. Nous ralentîmes notre marche, dans le dessein d'examiner de près cette caravane qui nous paraissait si étrange.

Nous étions encore à une assez grande distance, lorsque quatre cavaliers, qui formaient comme une espèce d'avant-garde à cette grande troupe, coururent vers nous avec rapidité. C'étaient quatre Mandarins. Le globule bleu qui surmontait leur bonnet de cérémonie, était le signe de leur dignité. — Seigneurs Lamas, nous dirent-ils, que la paix soit avec vous ! Vers quel point de la terre dirigez-vous vos pas ? — Nous sommes du ciel d'occident, et c'est vers l'occident que nous allons. ... Et vous autres, frères de la Mongolie, où allez-vous en si grande troupe et en si magnifique équipage ? — Nous sommes du royaume d' Alechan ; notre roi fait un voyage à Péking, pour se prosterner aux pieds de celui qui siége au-dessous du ciel. — Après ces quelques mots, les quatre cavaliers se soulevèrent un peu sur leur cheval, nous saluèrent, et allèrent reprendre leur position à la tête de la caravane.

Nous nous trouvions juste à point sur le passage du roi des Alechan, se rendant à Péking avec son pompeux cortége, pour se trouver à la grande réunion des princes tributaires, qui, le premier jour de la première lune, doivent aller souhaiter la bonne année à l'Empereur. Après l'avant-garde, venait un palanquin porté par deux magnifiques mulets attelés, l'un devant, l'autre derrière, à des brancards