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Et il vit un puits dans un champ, et auprès trois troupeaux de brebis couchés ; car c'est à ce puits que les troupeaux s'abreuvaient, et le puits était fermé avec une grosse pierre.

» Or c'était la coutume, lorsque tous les troupeaux étaient assemblés, de rouler la pierre, et les troupeaux s'abreuvaient, et on la remettait sur le puits (1)[1]. »

Les auges en bois qui entouraient le puits, nous rappelaient aussi cet autre passage où il est parlé de la rencontre de Rebecca et du serviteur d'Abraham.

« Lorsque le serviteur eut bu, elle ajouta : Je puiserai encore de l'eau pour vos chameaux, jusqu'à ce que tous aient bu.

» Et, répandant son vase dans les canaux, elle courut au puits pour puiser de l'eau, et la présenta à tous les chameaux (2)[2]. »

On ne peut voyager en Mongolie, au milieu d'un peuple pasteur et nomade, sans que l'esprit ne se reporte involontairement au temps des premiers patriarches, dont la vie pastorale avait tant de rapports avec les mœurs et les habitudes qu'on remarque encore aujourd'hui parmi les tribus mongoles. Mais combien ces rapprochements deviennent tristes et pénibles, quand on songe ensuite que ces peuples infortunés ne connaissent pas encore le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob !

A peine eûmes-nous dressé la tente et disposé notre modeste cuisine, que nous aperçûmes des cavaliers tartares s'avancer vers nous au grand galop ; ils venaient puiser de l'eau et abreuver les nombreux troupeaux qui attendaient

  1. (1) Genèse, XXXIX, 1, 2, 3.
  2. (2) Ibid. XIIV, 19, 20.