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Nous eûmes toutes les peines du monde à lui faire comprendre que, dans notre pays, les études ecclésiastiques avaient pour objet des choses plus sérieuses et plus importantes, que les noms et le nombre des ossements d'un mouton.

Tous les Mongols connaissent le nombre, le nom et la place des os qui entrent dans la charpente des animaux ; aussi, quand ils ont à dépecer un bœuf ou un mouton, ils ne fracturent jamais les ossements. Avec la pointe de leur grand couteau, ils vont droit et du premier coup à leur jointure et les séparent avec une adresse et une célérité vraiment étonnantes. Ces fréquentes dissections, et surtout l'habitude de vivre journellement au milieu des troupeaux, ont rendu les Tartares très-habiles dans la connaissance des maladies des animaux, et dans l'art de les guérir. Les remèdes qu'ils emploient à l'intérieur, sont toujours des simples qu'ils recueillent dans les prairies, et dont ils font boire la décoction aux animaux malades. Pour cela, ils se servent d'une grande corne de bœuf ; quand ils sont parvenus à insérer le petit bout dans la bouche de l'animal, ils versent la médecine par l'autre extrémité qui s'évase en forme d'entonnoir. Si la bête s'obstine à ne pas ouvrir la bouche, on lui fait avaler le liquide par les naseaux. Quelquefois les Tartares emploient aussi le lavement pour le traitement des maladies des bestiaux, mais leurs instruments sont encore dans toute leur simplicité primitive. Une corne de bœuf tient lieu de canule, et le corps de pompe est une grande vessie qu'on fait fonctionner en la pressant.

Les remèdes pris à l'intérieur sont très-peu en usage ;