Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

le sommet d'une colline, pour être battu par la tempête et en respirer le souffle glaçant. Des naturalistes ont dit que les chameaux ne pouvaient pas vivre dans les pays froids. Nous pensons qu'ils n'avaient pas l'intention de parler de ceux de la Tartarie, que la moindre chaleur abat, et qui, certainement, ne pourraient supporter le climat de l'Arabie.

Le poil d'un chameau ordinaire peut aller jusqu'à dix livres. Il obtient quelquefois la finesse de la soie, et toujours il est plus long que la laine de mouton. Celui que les chameaux entiers ont au-dessous du cou et autour des jambes, est rude, bouchonné, et de couleur noire. Le reste est ordinairement roux, et quelquefois grisâtre ou blanc, Les Tartares le laissent se perdre inutilement. Dans les endroits où paissent les troupeaux, on en rencontre de grandes plaques semblables à de vieux haillons, que le vent pousse et amoncelle dans quelque recoin, au pied des collines. Si on en ramasse, ce n'est qu'en petite quantité, pour faire des cordes, et une espèce d'étoffe grossière, assez semblable à la tiretaine, dont on fait des sacs et des tapis.

Le lait que donnent les chamelles est excellent ; on en fait du beurre et des fromages. La chair du chameau est coriace, de mauvais goût, et peu estimée des Tartares. Ils tirent pourtant assez bon parti des bosses, qu'ils coupent par tranches et mêlent à leur thé, en guise de beurre. On sait qu'Héliogabale faisait servir dans ses festins la chair de chameau, et qu'il estimait beaucoup leurs pieds. Nous ne pouvons rien dire de ce dernier mets, que l'empereur romain était glorieux d'avoir inventé ; mais nous pouvons assurer que le premier est détestable.