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longues perches, au bout desquelles flottent de petits drapeaux, servent à les indiquer aux voyageurs.

Ce qu'on appelle Dabsoun-Noor est moins un lac qu'un vaste réservoir de sel gemme mélangé d'efflorescences nitreuses. Ces dernières sont d'un blanc mat, et friables entre les doigts ; on peut les distinguer facilement du sel, qui a une teinte un peu grisâtre, et dont la cassure est luisante et cristalline. Le Dabsoun-Noor a près de vingt lis de circonférence ; on voit s'élever çà et là, dans ses alentours, des iourtes habitées par les Mongols qui font l'exploitation de cette magnifique saline ; on y rencontre toujours aussi quelques Chinois en qualité d'associés ; car on dirait que ces hommes doivent se trouver nécessairement mêlés à tout ce qui tient au commerce ou à l'industrie. La manipulation qu'on fait subir à ces matières salines, ne demande ni beaucoup de travail, ni une grande science. On se contente de les ramasser au hasard dans le réservoir, de les entasser, et puis de recouvrir ces grandes piles d'une légère couche de terre glaise. Quand le sel s'est ainsi convenablement purifié de lui-même, les Tartares le transportent sur les marchés chinois les plus voisins, et l'échangent contre du thé, du tabac, de l'eau-de-vie, ou d'autres denrées à leur usage. Sur les lieux mêmes le sel est sans valeur ; à chaque pas on en rencontre de gros morceaux d'une pureté remarquable. Nous en remplîmes un sac, soit pour notre usage, soit pour celui des chameaux, qui sont toujours très-friands de cette nourriture.

Nous traversâmes le Dabsoun-Noor dans toute sa largeur d'orient en occident, et nous dûmes user de grandes précautions, pour avancer sur ce sol toujours humide et presque