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répondre à son interlocuteur, nous finîmes par rire de bon cœur de notre mésaventure. La caravane commençait donc à se réorganiser, et, avant le soleil couché, tout fut au grand complet. Samdadchiemba, après une course longue et pénible, avait trouvé le chameau lié à côté d'une iourte ; Un Tartare l'ayant vu se sauver, l'avait arrêté, présumant que quelqu'un était sur ses traces.

Quoique le jour fût très-avancé, nous nous décidâmes à plier la tente, car l'endroit où nous avions campé étail misérable au-delà de toute expression. Pas un brin d'herbe ; et l'eau à une distance si éloignée, que, pour ëli avoif ; il fallait se résoudre à entreprendre un véritable voyage. D'ailleurs, disions-nous, quand nous ne ferions, avant la nuit, que nous mettre en vue du véritable chemin, ce sera déjà un grand avantage. Le départ étant ainsi arrêté, nous nous assîmes pour prendre du thé. La conversation ne pouvait naturellement avoir d'autre objet que la triste mésaventure qui nous avait tant accablés de peine et de fatigue. Plus d'une fois, durant notre voyage, le caractère revêche et entêté de Samdadchiemba avait été cause que nous avions perdu la bonne route, et marché souvent ad hasard. Comme on l'a déjà dit, monté sur son petit mulet, il allait en tête de la caravane, traînant après lui les bêtes de charge. Sous prétexte qu'il connaissait très-bien les quatre points cardinaux, et qu'il avait beaucoup voyagé dans les déserts de la Mongolie, il ne pouvait jamais se résoudre à demander la route aux personnes qu'il rencontrait, et souvent nous étions victimes de sa présomption. Nous crûmes donc devoir profiter de l'accident qui nous était survenu, et lui donner à ce sujet un avertissement. —