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la famille de l'épouse, alors seulement on écrit le contrat devant témoins, et la fille devient propriété de l'acquéreur. Elle demeure pourtant dans sa famille, jusqu'à l'époque des cérémonies du mariage.

Quand le mariage a été conclu entre les entremetteurs, le père du futur, accompagné de ses plus proches parents, va en porter la nouvelle dans la famille de la future. Ed entrant, ils se prosternent devant le petit autel domestique, et offrent à l'idole de Bouddha une tête de mouton bouillie, du lait, et une écharpe de soie blanche. Puis on prend part à un festin qui est servi par les parents du futur. Pendant le repas, tous les parents de la future reçoivent une pièce de monnaie, qu'on dépose dans un vase rempli de vin fait avec du lait fermenté. Le père de la future boit le vin et garde la monnaie. Cette cérémonie se nomme Tahil-Tébihou, c'est-à-dire frapper le pacte.

Le jour favorable au mariage, désigné par les Lamas, étant arrivé, le futur envoie de grand matin une députation chercher la jeune fille qui lui a été promise, ou plutôt dont il a fait l'acquisition. Les envoyés du futur étant sur le point d'arriver, les parents et les amis de la future se pressent en cercle autour de la porte, comme pour s'opposer au départ de la fiancée. Alors commence un combat simulé, qui se termine toujours, comme de juste, par l'enlèvement de la future. On la place sur un cheval ; et après lui avoir fait faire trois fois le tour de la demeure paternelle, on la conduit au grand galop dans la tente qui lui a été préparée d'avance, auprès de l'habitation de son beau-père. Cependant tous les Tartares des environs, les parents et les amis des deux familles se mettent en mouvement