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nous. Depuis notre entrée en Tartarie, nous avions été plus d'une fois témoins de cérémonies de ce genre.

Les Mongols se marient très-jeunes, et toujours sous l'influence de l'autorité absolue des parents. Cette affaire, si grave et si importante, s'entame, se discute et se conclut, sans que les deux personnes les plus intéressées y aient la moindre part. Que les promesses de mariage se fassent dans l'enfance ou dans un âge plus avancé, ce sont toujours les parents qui passent le contrat, sans même en parler à leurs enfants. Les deux futurs époux ne se connaissent pas, ne se sont peut-être jamais vus. Lorsqu'ils seront mariés, ils pourront seulement savoir s'il y a sympathie ou non entre leurs caractères.

La fille n'apporte jamais de dot en mariage. C'est au contraire le jeune homme qui doit faire des cadeaux à la famille de sa future épouse. La valeur de ces cadeaux est rarement laissée à la générosité des parents du futur. Tout est réglé par avance, et consigné dans un acte public, avec les détails les plus minutieux. Au fond, ce sont moins des cadeaux de noce, que le prix d'un objet qui se vend d'une part et s'achète de l'autre. La chose est même très-clairement exprimée dans la langue ; on dit : J'ai acheté pour mon fils la fille d'un tel ... Nous avons vendu notre fille à telle famille, etc... Aussi le contrat de mariage se fait absolument comme une vente. Il y a des entremetteurs ; on marchande, on fait la hausse et la baisse, jusqu'à ce qu'on soit tombé d'accord. Quand on a bien déterminé combien de chevaux, combien de bœufs, combien de moutons, combien de pièces de toiles, combien de livres de beurre, d'eau-de-vie, de farine de froment, on donnera à