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un revenant ; c'était tout bonnement un Tartare-Mongol qui, la veille, ayant été saisi par l'orage, s'était réfugié dans cette grotte, où il avait passé la nuit. Après avoir causé un instant, de la pluie, du vent et de la grêle, nous l'invitâmes à venir partager notre déjeûner, et nous le conduisîmes jusqu'à notre demeure. Pendant que Samdadchiemba, aidé de notre hôte, faisait bouillir le thé, nous sortîmes de nouveau pour continuer nos recherches.

Nous parcourûmes ces demeures désertes et silencieuses, avec une curiosité mêlée d'une certaine terreur. Toutes étaient construites à peu près sur le même modèle, et conservaient encore toute leur intégrité. Des caractères chinois gravés sur les murs, et des débris de vases de porcelaine nous confirmèrent dans la pensée que ces grottes avaient été habitées depuis peu par des Chinois. Quelques vieux souliers de femmes, que nous découvrîmes dans un coin, ne nous laissèrent plus aucun doute. Nous ne pouvions nous défendre d'un sentiment plein de tristesse et de mélancolie, en pensant à ces nombreuses familles, qui, après avoir vécu longtemps au sein de cette grande montagne, s'en étaient allées chercher ailleurs une terre plus hospitalière. A mesure que nous entrions dans ces grottes, nous donnions l'épouvante à des troupes de passereaux qui n'avaient pas encore abandonné ces demeures de l'homme ; ils avaient au contraire pris franchement possession de ces nids grandioses. Les grains de petit millet et d'avoine, qui étaient répandus çà et là avec profusion, servaient à les y fixer encore pour quelque temps. Sans doute, nous disions-nous, quand ils ne trouveront plus de graine, quand ils ne verront plus revenir les anciens habitants