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direction nous pourrions trouver une bonne route... Vous eussiez mieux fait, nous répondirent-ils, de rester à Tchagan-Kouren ; des piétons ont une peine horrible à traverser ces bourbiers : vous autres, où prétendez-vous aller avec vos chameaux ? et ils continuaient leur route en nous regardant avec compassion, car ils étaient persuadés que nous ne viendrions jamais à bout de notre entreprise.

Le soleil était sur le point de se coucher, lorsque nous aperçûmes une habitation mongole ; nous nous y acheminâmes en droite ligne, sans plus nous préoccuper des difficultés de la route. Les précautions, du reste, étaient inutiles, et nous savions par expérience qu'il n'y avait pas à choisir au milieu de ces contrées ravagées par l'inondation. Les détours et les circuits ne servaient qu'à prolonger notre misère, et voilà tout. Les Tartares furent effrayés en nous voyant arriver chargés de boue, et inondés de sueur ; ils nous servirent sur-le-champ du thé au lait, et nous offrirent généreusement l'hospitalité. Leur petite maison en terre, quoique bâtie sur un monticule assez élevé, avait été emportée à moitié par les eaux. Il nous eût été difficile de comprendre comment ils s'étaient fixés dans ce misérable pays, s'ils ne nous avaient eux-mêmes appris qu'ils étaient chargés de faire paître les troupeaux des habitants Chinois de Tchagan-Kouren. Après nous être reposés un instant, nous leur demandâmes des nouvelles de la route ; ils nous dirent que la rivière était à cinq lis de distance, que les bords en étaient secs, et que nous y trouverions des barques pour nous transporter au delà. Quand vous aurez traversé le petit fleuve, ajoutèrent-ils, vous pourrez voyager en paix, vous ne rencontrerez plus d'eau. Nous remerciâ