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est une grande et belle ville toute nouvellement bâtie. Elle ne se trouve pas marquée sur la carte de Chine éditée par M. Andriveau-Goujon. Cela vient sans doute de ce qu'elle n'existait pas encore au temps où les anciens PP. Jésuites, résidant à Péking, furent chargés par l'empereur Khang-Hi de tracer les cartes de l'empire. Nulle part, en parcourant la Chine, la Mantchourie et la Mongolie, nous n'avons rencontré de ville semblable à celle de l' Enceinte-Blanche. Les rues sont larges, propres, et peu tumultueuses ; les maisons régulières, et d'une tournure assez élégante, témoignent de l'aisance des habitants. On rencontre quelques grandes places, ornées d'arbres magnifiques. Cela nous a d'autant plus frappés, qu'on ne voit jamais rien de semblable dans les villes de Chine. Les boutiques, tenues avec propreté, sont assez bien fournies des produits de la Chine, et quelquefois même de marchandises européennes venues par la Russie. Cependant la proximité de la Ville-Bleue nuit beaucoup au commerce de Tchagan-Kouren. Les Tartares se rendent toujours plus volontiers à Koukou-Hote, dont l'importance commerciale est depuis longtemps connue dans toutes les contrées mongoles.

La visite de Tchagan-Kouren nous avait pris beaucoup plus de temps que nous avions d'abord résolu d'y consacrer. Il était près de midi, quand nous rentrâmes à la maison tartare qui nous donnait l'hospitalité. Nous trouvâmes Samdadchiemba impatienté et de mauvaise humeur. Il nous demanda l'ordre du jour avec un laconisme affecté. — Aujourd'hui, lui répondimes-nous, il est trop tard pour nous mettre en route ; demain nous partirons, et ce sera