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repos. Dans cette triste et fâcheuse position, nous ne vîmes d'autre parti à prendre, que d'aller nous blottir, nous et nos animaux, dans quelque recoin, et d'attendre là, avec patience et pour l'amour de Dieu, que la nuit fût passée. Nous en étions à cette magnifique impression de voyage, lorsque nous entendîmes partir d'un enclos voisin des bêlements de moutons. Nous nous décidâmes à une dernière tentative. Nous allâmes heurter à la porte, qui s'ouvrit aussitôt. — Frère, ceci est-ce une auberge ? — Non, c'est une bergerie.... Vous autres qui êtes-vous ? — Nous sommes des voyageurs. La nuit nous a surpris en chemin ; lorsque nous sommes entrés dans la ville, toutes les auberges étaient fermées ; personne ne veut nous recevoir .... Pendant que nous parlions ainsi, un vieillard s'avança, tenant à la main, pour s'éclairer une grosse branche enflammée. Aussitôt qu'il eut aperçu nos chameaux et notre costume... Mendou ! Mendou ! s'écria-l-il, seigneurs Lamas, entrez ici. Dans la cour il y a de la place pour vos animaux ; ma maison est assez grande ; vous vous reposerez ici pendant quelques jours ... Nous avions rencontré une famille tartare, nous étions sauvés ! Mettre bas nos bagages et attacher nos animaux à des poteaux fut fait en un instant. Nous allâmes enfin nous asseoir autour du foyer mongol, où le thé au lait nous attendait. Frères, dîmes-nous au vieillard, il serait superflu de te demander si c'est à des Mongols que nous devons aujourd'hui l'hospitalité. — Oui, seigneurs Lamas, toute la maison est mongole. Depuis longtemps nous n'habitons plus sous la tente, Nous sommes venus bâtir ici une demeure pour faire le commerce des moutons. Hélas ! insensiblement nous sommes