Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

comprennent très-peu de chose ; ils ne savent pas regarder les physionomies... Ah ! vous êtes de l'occident ! mais je connais beaucoup votre pays ; j'y ai fait plus d'un voyage. — Nous sommes charmés que tu connaisses notre pays. Sans doute tu dois comprendre notre langue. — Votre langue ? je ne puis pas dire que je la sais complètement, mais sur dix mots j'en comprends bien toujours trois ou quatre. Pour parler, cela souffre quelque difficulté ; mais peu importe, vous autres vous savez le chinois et le tartare, c'est bien. Oh ! les gens de votre pays sont des personnages de grande capacité... J'ai toujours été très-lié avec vos compatriotes ; je suis accoutumé à traiter leurs affaires. Quand ils viennent à la Ville-Bleue, c'est toujours moi qui suis chargé de faire leurs achats.

Les intentions de ces amis de nos compatriotes n'étaient pas douteuses, leur grande envie de traiter nos affaires était pour nous une forte raison de nous débarrasser de leurs offres. Quand nous eûmes fini le thé, ils nous firent une grande révérence, et nous invitèrent à aller dîner chez eux. — Messeigneurs, le riz est préparé, le chef de notre maison de commerce vous attend. — Écoutez, répondîmes-nous gravement, disons quelques paroles pleines de raison. Vous vous êtes donné la peine de nous conduire dans une auberge, c'est bien, c'est votre bon cœur qui a fait cela ; ici vous nous avez rendu beaucoup de services, vous avez arrangé et disposé ceci et cela, votre maître nous a envoyé des pâtisseries ; évidemment vous êtes tous doués d'un cœur dont la bonté est inépuisable. S'il n'en était pas ainsi, pourquoi auriez-vous tant fait pour nous, qui sommes des étrangers. Maintenant vous nous invitez à