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nombreuses et fidèles traductions des meilleurs livres chinois, on a encore en mantchou les principaux ouvrages de la littérature lamaïque, thibétaine et mongole. Ainsi quelques années de travail suffiraient à un homme appliqué, pour le mettre en état d'étudier avec fruit les monuments littéraires les plus précieux qu'on puisse rencontrer en Asie.

La langue mantchoue est belle, harmonieuse, mais surtout d'une admirable clarté. L'étude en sera agréable et facile, surtout depuis la publication des Eléments de la grammaire mantchoue, par H. Conon de la Gabelentz (1)[1]. Ce savant orientaliste a exposé avec une heureuse lucidité le mécanisme et les règles de la langue. Son excellent ouvrage ne peut manquer d'être d'un grand secours, pour tous ceux qui voudront se livrer à l'étude d'une langue qui menace de s'éteindre, dans le pays même où elle a pris naissance, mais que la France conservera au monde savant. M. Conon de la Gabelentz dit, dans la préface de sa grammaire :« J'ai choisi la langue française pour la rédaction de mon livre, parce que la France a été jusqu'à présent le seul pays où l'on a cultivé le mantchou ; de sorte qu'il me paraît indispensable pour tous ceux qui veulent se livrer à l'étude de cet idiome, de comprendre aussi la langue française, comme celle dans laquelle sont écrits tous les livres qui se rapportent à cette littérature. »

Pendant que les Missionnaires français enrichissaient leur patrie des trésors littéraires qu'ils avaient rencontrés dans ces pays lointains, ils ne cessaient de répandre en même temps les lumières du christianisme parmi ces peuples

  1. (1) Altembourg en Saxe, comptoir de la littérature.