Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

fécondité de leur ciseau, mais qui ne fait pas l'éloge de leur bon goût. D'abord, tout autour du temple, ce sont des tigres, des lions et des éléphants accroupis sur des blocs de granit. Les grandes rampes en pierre bordant les degrés qui conduisent à la grande porte d'entrée, sont presque toujours taillées, ciselées et ornées de mille figurines bizarres, représentant des oiseaux, des reptiles, ou d'autres animaux imaginaires. Dans l'intérieur du temple, on ne voit de tous côtés que reliefs, tantôt en bois, tantôt en pierres, mais toujours exécutés avec une hardiesse et une vérité admirables.

Quoique les lamaseries mongoles ne puissent être comparées, pour la grandeur et les richesses, à celles du Thibet, il en est quelques-unes qui sont très-célèbres et très- renommées parmi les adorateurs de Bouddha. La plus fameuse de toutes est celle du Grand-Couren (1)[1], dans le pays des Khalkhas. Comme nous avons eu occasion de la visiter durant le cours d'un de nos voyages dans le nord de la Tartarie, nous entrerons ici dans quelques détails.

La lamaserie du Grand-Kouren est bâtie sur les bords de la rivière Toula. C'est là que commence une immense forêt qui s'étend au nord jusqu'aux frontières russes, l'espace de six ou sept journées de marche. Vers l'orient, elle compte, dit-on, près de deux cents lieues d'étendue, jusqu'au pays des Solons, dans la Mantchourie. Avant d'arriver au Grand-Kouren, il faut cheminer pendant un mois entier à travers des plaines immenses, stériles, et semblables à un océan de sable. Ce grand désert de Gobi a

  1. (1) Kouren en mongol signifie enceinte.