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qu'il place ensuite les uns sur les autres, de manière à figurer une petite pyramide. Quand les ossements ont été préparés de la sorte par le grand Lama, on les transporte en grande pompe dans une tourelle bâtie, par avance, dans un lieu désigné par le devin.

On donne presque toujours aux cendres des Lamas une sépulture de ce genre. On rencontre un grand nombre de ces petites tours funéraires sur le sommet des montagnes et aux environs des lamaseries ; on peut encore en voir dans les contrées d'où les Mongols ont été chassés par les Chinois. Ces pays ne portent presque plus l'empreinte du séjour des Tartares, Les lamaseries, les pâturages, les bergers avec leurs tentes et leurs troupeaux, tout a disparu, pour faire place à de nouveaux peuples, à de nouveaux monuments et à des mœurs nouvelles. Seulement quelques tourelles élevées sur les sépultures restent encore debout, comme pour attester le droit des anciens possesseurs de ces contrées, et protester contre l'envahissement des Kitat.

Le lieu le plus renommé des sépultures mongoles est dans la province du Chan-Si, à la fameuse lamaserie des Cinq-Tours (Ou-Tay). Au dire des Tartares, la lamaserie des Cinq-Tours est le meilleur pays qu'on puisse trouver pour une bonne sépulture : la terre en est si sainte, que ceux qui ont le bonheur d'y être enterrés sont certains d'y effectuer une excellente transmigration. La merveilleuse sainteté de ce pays est attribuée à la présence de Bouddha, qui depuis quelques siècles s'y est logé dans l'intérieur d'une montagne. En 1842 le noble Tokoura, dont nous avons eu déjà occasion de parler, transporta les ossements de son père et de sa mère aux Cinq-Tours, et il eut le