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nation anglaise. Cependant, au milieu de ces nombreuses et intéressantes populations, dont les puissants dominateurs ne paraissent préoccupés que de spéculations mercantiles et de jouissances matérielles, on aime à contempler l’action lente et persévérante de la Religion chrétienne sur les vieilles erreurs du Bramanisme. Les Missionnaires y luttent, comme en Chine, avec un zèle et une patience dignes des plus grands succès ; aussi, un jour viendra, on ne peut en douter, où la fraternité évangélique triomphera complètement de l’orgueilleux système des castes et du privilège.

Après avoir touché à Ceylan, l’île des épices, et à Aden, où les Anglais se sont fortifiés, comme dans un autre Gibraltar, nous parcourûmes la mer Rouge, et nous arrivâmes en Égypte à travers les sables de Suez. L’Égypte ! quelle terre palpitante de souvenirs ! Avec quel saisissement on visite, aux environs du Caire, les ruines de Memphis, les tombeaux des Kalifes, les Pyramides, Héliopolis où médita Platon et où les noirs ciprès qui entourent l’Aiguille de Cléopâtre semblent murmurer tristement le nom glorieux de Kléber !… Ces souvenirs sont pour tout le monde ; mais le Chrétien sait en trouver de plus émouvants encore ; c’est dans cette contrée que vint le patriarche Joseph, et où germa la civilisation du peuple de Dieu. On voit sur les bords du Nil l’endroit où fut exposé Moïse, et où, sans doute, le divin Enfant de Marie porta souvent