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que nous faisions route sans nous en apercevoir. La vue de quelques tentes mongoles, qui s'élevaient sur une colline, vint brusquement rappeler nos pensées à la vie nomade. Un grand cri s'était fait entendre, et nous remarquâmes au loin un Tartare qui gesticulait avec beaucoup de vivacité. Comme nous ne pouvions discerner clairement à qui s'adressaient ces signes, nous continuâmes notre route. Nous vîmes alors le Tartare sauter sur un cheval sellé, qui se trouvait à l'entrée de sa tente, et courir vers nous avec rapidité. Aussitôt qu'il nous eut atteints, il descendit promptement, et s'étant mis à genoux : — « Seigneurs Lamas, s'écria-t-il, en levant les mains au ciel, ayez pitié de moi ; ne continuez pas votre route ; venez guérir ma mère qui se meurt. Je sais que votre puissance est infinie ; venez sauver ma mère par vos prières. » — La parabole du Samaritain se présenta à notre mémoire, et nous pensâmes que la charité nous défendait de passer outre. Nous rebroussâmes donc chemin, pour aller camper à côté de l'habitation de ce Tartare.

Pendant que Samdadchiemba disposait notre tente, nous allâmes, sans perdre de temps, visiter la malade. Elle était en effet dans un état presque désespéré. — Habitants du désert, dîmes-nous aux personnes qui nous entouraient, nous ne sommes pas instruits dans la connaissance des simples ; nous ne savons pas compter sur les artères les mouvements de la vie ; mais nous allons prier Jéhovah pour cette infirme. Vous n'avez pas encore entendu parler de ce Dieu tout-puissant ; vos Lamas ne le connaissent pas : mais ayez confiance, Jéhovah est le maître de la vie et de la mort. — La circonstance ne nous permettait pas de tenir un plus