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En Tartarie on ne manie pas l'aiguille de la même manière qu'en Chine. Quand les Chinois cousent, ils poussent l'aiguille de bas en haut ; les Tartares au contraire la font descendre de haut en bas. En France ce n'est peut-être ni l'un ni l'autre ; si notre mémoire nous sert bien, il nous semble que les Français font courir l'aiguille horizontalement de droite à gauche. Il ne nous appartient pas de prononcer sur le mérite respectif de ces trois méthodes ; nous abandonnons cette question au corps respectable des tailleurs.

Le dix-sept de la lune, nous nous rendîmes de grand matin à la station chinoise de Chaborté, pour y faire nos provisions de farine. Chaborté, comme l'annonce son nom mongol, est un pays humide et marécageux. Les maisons sont toutes bâties en terre, et enfermées dans une enceinte de murs très-élevés. Les rues sont irrégulières, tortueuses et étroites. Cette petite ville présente un aspect sombre et sinistre, et les Chinois qui l'habitent ont l'air plus fripons que partout ailleurs. On y trouve à acheter toutes les choses dont les Mongols font ordinairement usage : de la farine d'avoine et du petit millet grillé, des toiles de coton, et du thé en brique. Les Tartares y portent les produits du désert, c'est-à-dire du sel, des champignons et des pelleteries.

Dès que nous fûmes de retour, nous nous hâtâmes de faire nos préparatifs de départ. Pendant que nous mettions en ordre, dans l'intérieur de la tente, nos ustensiles et nos bagages, Samdadchiemba alla chercher les animaux qui paissaient aux environs. Un instant après, il revient traînant après lui les trois chameaux. — Voilà les chameaux,