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pides pasteurs s'arrêtent immobiles au milieu de la tempête, comme pour défier la fureur des éléments, et braver la froidure.

L'éducation des femmes tartares n'est pas plus raffinée que celle des hommes ; elles ne s'exercent pas au maniement de l'arc et du fusil, mais l'équitation ne leur est pas étrangère, et elles y montrent autant d'habileté et de courage que les hommes. Cependant ce n'est que dans des cas exceptionnels qu'elles montent à cheval ; en voyage, par exemple, et lorsqu'il n'y a personne pour aller à la recherche des animaux qui se sont égarés. Ordinairement la garde des troupeaux ne les regarde pas ; elles doivent s'occuper, dans l'intérieur de leur tente, des détails du ménage et de la couture. Les femmes tartares sont renommées pour leur adresse à manier l'aiguille. Ce sont elles qui font les bottes, les chapeaux, et les divers habits qui constituent le costume mongol. Les bottes en cuir qu'elles confectionnent sont, il est vrai, peu élégantes de forme, mais en revanche, elles sont d'une solidité étonnante. On ne comprend pas comment, avec les outils si grossiers et si imparfaits qui sont à leur usage, elles peuvent parvenir à faire des ouvrages presque indestructibles. Il faut dire qu'elles prennent bien leur temps, et qu'elles n'avancent que lentement dans leur travail. Les femmes tartares excellent dans les broderies, [qui sont ordinairement d'un goût, d'une finesse et d'une variété capables d'exciter l'admiration. Nous croyons pouvoir avancer qu'on ne trouverait peut-être nulle part, en France des broderies aussi belles et aussi parfaites, que celles que nous avons eu occasion de voir chez les Tartares.