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BETSIAMIS

que le cerveau du pauvre inventeur n’était plus à la hauteur des circonstances…

Beaucoup de personnes, capables de donner un jugement autorisé, ont été d’opinion que le système Leroy avait de la valeur, du moins au point de vue spéculatif. Mais, comme il arrive pour tant de choses, l’application n’en était guère possible. Il aurait fallu, pour qu’il produisît tous les résultats que l’on pouvait en attendre, que les professeurs travaillassent avec les élèves non seulement durant le temps des classes, mais aussi dans les heures d’étude, c’est-à-dire la journée entière. Où sont les professeurs qui, même au seul point de vue de la santé, pourraient impunément ajouter, au lourd fardeau qui déjà les accable, une si considérable augmentation de travail ?

Sans doute, le P. Arnaud, comme bien d’autres, se permit de dire quelque chose de favorable à la nouvelle méthode, du moins au point de vue théorique.

D’autre part, à cette époque, le Séminaire de Chicoutimi venait d’être fondé (1873) ; et, non moins alors que dans la suite, on n’y avait l’œil fermé aux nouveautés qui se font jour du temps en temps sur le globe terrestre. Dès les premières années, les professeurs du collège naissant firent quelque essai de la nouvelle méthode, tentative qui fut d’ailleurs de très courte durée.

Mais, en ce temps-là aussi, il était fortement question de créer un diocèse au Saguenay.

Tout cela se brassa sans doute, avec plus ou moins de logique, dans la cervelle du pauvre Leroy. Une conclusion s’en détacha qui faisait merveilleusement son affaire. Il fallait que le P. Arnaud fût le premier évêque de Chicoutimi ! Et puis tout allait marcher à souhait. C’est-à-dire que la méthode, la chère méthode, allait trouver au séminaire du nouveau diocèse le terrain qu’il lui fallait ; et les fruits qu’elle y produirait seraient d’une si extraordinaire beauté, que l’univers ébahi se rendrait enfin à l’évidence.

L’inventeur, pour assurer la réalisation de ses espérances,